16/06/24 AR Plan d'urgence nucléaire et radiologique
Arrêté royal du 16 juin 2024 portant fixation du plan d'urgence nucléaire et radiologique pour le territoire belge, la mer territoriale et la zone économique exclusive
6.2 Protection du personnel d'intervention (= intervenants)
Le personnel d'intervention impliqué dans l'organisation des secours en situation d'urgence et dans la mise en oeuvre des actions de protection de la population, doit être considéré comme professionnellement exposé. À ce titre, la surveillance dosimétrique des intervenants doit être organisée et les résultats de cette surveillance dosimétrique doivent être transférés au registre d'exposition national mis en place par l'AFCN et selon les modalités définies par l'AFCN.
Les interventions en situation d'urgence s'inscrivent dans les dispositions générales de la planification d'urgence et de la gestion de crise en Belgique. Elles en utilisent les principes et dispositions générales, sous réserve des dispositions particulières précisées ci-dessous.
6.2.1 Niveaux de référence pour la protection radiologique des intervenants
Durant la période aiguë (voir tableau 3 p. 70) et la période de transition (voir tableau 4 p. 71), les niveaux de référence pour l'exposition des intervenants professionnellement exposés sont fixés dans l'intervalle de 20 à 100 mSv (en dose efficace aiguë ou annuelle, voir Lexique) conformément aux normes de base et aux recommandations internationales.
Durant la période de rétablissement (voir tableau 5 p. 72), après la sortie de la période de transition, les travailleurs participant à la décontamination et à la réhabilitation des zones affectées ne sont, par définition, plus soumis à des situations d'exposition d'urgence. Ils doivent, dès lors, être considérés comme des travailleurs professionnellement exposés soumis à toutes les obligations légales propres à cette catégorie de personnel. De ce fait, les limites de dose applicables aux travailleurs en charge des travaux de réhabilitation sont, sauf dérogation expresse approuvée par l'AFCN, celles en vigueur pour les personnes professionnellement exposées (voir RGPRI).
6.2.2 Niveaux de référence et dispositions complémentaires pour les intervenants
6.2.2.1 Durant la période aiguë
Niveaux de référence
Les expositions du personnel d'intervention en situation d'urgence radiologique doivent, dans la mesure du possible, rester inférieures aux valeurs des limites de dose fixées pour les travailleurs professionnellement exposés, notamment la limite de dose efficace de 20 mSv.
Afin d'éviter que des personnes jeunes, y compris des embryons et foetus, plus sensibles aux rayonnements ionisants, ne soient potentiellement exposées à des doses élevées, les femmes enceintes ou allaitantes et les mineurs ne devraient, en aucun cas, être soumises à des situations d'exposition d'urgence. En outre, les femmes doivent être mises en garde contre le danger d'une situation d'exposition aux rayonnements ionisants en cas de grossesse méconnue.
Pour les interventions et les intervenants pour lesquels il n'est pas possible de garantir que ce niveau de référence soit respecté (c'est-à-dire lors de situations d'exposition d'urgence en situation d'urgence à caractère radiologique et/ou nucléaire), un niveau de référence supérieur est fixé à 100 mSv en dose efficace aiguë ou annuelle (c'est-à-dire 12 mois consécutifs glissants). Tout est, cependant, mis en oeuvre pour éviter d'excéder une dose efficace de 50 mSv, par exemple en organisant la rotation des intervenants.
Ce niveau de référence en dose efficace de 100 mSv ne peut être dépassé que par des intervenants conscients du risque, dans des situations exceptionnelles et pour sauver des vies, empêcher de graves effets sanitaires radio-induits ou empêcher l'apparition de situations catastrophiques. Il faut toutefois veiller à ne pas dépasser une dose efficace de 500 mSv.
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Situation d'exposition d'urgence
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Femme enceinte ou allaitante
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Briefing avant intervention
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reconstruction de dose, dosimétrie passive ou active.
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Tableau 3: Résumé des dispositions applicables aux intervenants durant la période aiguë
Dispositions complémentaires
Tout intervenant, préalablement identifié comme susceptible d'intervenir lors des situations visées par le présent plan (notamment le personnel des zones de secours, de la police, des service médicaux d'urgence, de la Protection civile et de la Défense) doit pouvoir préalablement bénéficier d'une formation adéquate et mise à jour une fois par an sur les risques que son intervention présenterait pour sa santé et sur les mesures de précaution à prendre en pareil cas (voir § 7.1.3.2). Tout intervenant doit disposer de moyens de protection contre le danger d'exposition aux radiations ionisantes, compatible avec la réalisation de sa/ses mission(s).
Il est nécessaire de permettre aux intervenants de participer tant à des formations qu'à des exercices aussi souvent que possible en renforçant les échanges d'expérience entre services concernés par le risque radiologique, dans des zones de planification d'urgence différentes. Le contenu de cette formation préalable se base sur les prescriptions du RGPRI et porte notamment sur:
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- les risques pour la santé et les premiers soins éventuels;
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- les bases de la protection contre l'exposition aux rayonnements ionisants;
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- les règles de bonne pratique assurant une protection efficace et les précautions collectives et individuelles à prendre;
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- la signification des signaux, des symboles et mentions relatifs au risque d'exposition aux rayonnements ionisants;
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- les consignes et plans d'urgence.
En outre, lors d'une situation d'urgence, les intervenants reçoivent avant l'intervention toutes les informations disponibles sur la situation en cours, les risques sanitaires associés, les règles d'intervention et les moyens de protection disponibles à mettre en oeuvre.
Les méthodes de protection suivantes, associées à une dosimétrie active individuelle ou collective, peuvent être appliquées en vue de limiter la dose durant une intervention éventuelle:
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- utilisation de moyens de protection individuels (protection respiratoire, vêtements d'intervention adaptés, protection de la thyroïde par prise de comprimés d'iode stable...);
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- protection par un écran et/ou par la limitation du temps d'exposition (rotation des équipes d'intervention).
Les intervenants en situation d'urgence sont, a posteriori, considérés comme des travailleurs professionnellement exposés et bénéficient, à ce titre, d'un suivi médical approprié.
6.2.2.2 Durant la période de transition
Niveaux de référence
Les niveaux de référence applicables durant la période de transition sont, en principe, les mêmes que ceux d'application dans la période aiguë. Ils s'appliquent cependant sur des périodes plus longues (de plusieurs semaines à plusieurs mois) et doivent prendre en considération le cumul des doses durant toute la période des interventions. Durant la période de transition, le niveau de référence supérieur est fixé à 100 mSv/(12 mois consécutifs glissants), avec toujours l'objectif que les doses reçues soient aussi faibles que raisonnablement possible. La Cellule d'évaluation évaluera la situation radiologique et proposera le cas échéant au Comité fédéral de coordination une adaptation des objectifs de dose à ne pas dépasser, compatible avec les ressources humaines disponibles et les tâches à accomplir. Ces objectifs de doses pourront être différents selon les groupes d'intervenants auxquels ils s'appliquent et les missions qu'ils doivent effectuer.
Avec le temps, les risques d'exposition diminuent, notamment du fait de la décroissance radioactive des nucléides à vie courte, et le caractère d'urgence s'estompe progressivement. Les objectifs de doses seront régulièrement réévalués par la Cellule d'évaluation de façon à se rapprocher ou à passer sous le niveau de 20 mSv/an (12 mois consécutifs glissants).
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Situation d'exposition d 'urgence
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Femme enceinte ou allaitante
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Briefing avant intervention
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Tableau 4: Résumé des dispositions applicables aux intervenants durant la période transition
Dispositions complémentaires
Les dispositions complémentaires applicables durant cette période sont, en principe, les mêmes que celles qui sont d'application dans la période aiguë. Cependant l'implication progressive de travailleurs appartenant à des services ou organisations qui ne sont a priori pas identifiés comme intervenants en situation d'urgence (par exemple le personnel communal de voirie...) nécessitera que ces personnes reçoivent avant d'être impliquées une information équivalente à celles que reçoivent les intervenants préalablement identifiés (voir § 6.2.1.1).
6.2.2.3 Durant la période de rétablissement
Niveaux de référence
Les travailleurs en charge des travaux de réhabilitation des sites contaminés durant la période de rétablissement sont considérés comme des personnes professionnellement exposées. Les limites de dose qui leur sont applicables sont, sauf dérogation expresse approuvée par l'AFCN, celles en vigueur pour les personnes professionnellement exposées (voir RGPRI), entre autres la limite d'exposition en dose efficace de 20 mSv par 12 mois consécutifs glissants à compter de la fin de la situation d'exposition d'urgence. Il est, en effet, important de noter qu'une exposition durable subie durant la réhabilitation d'une zone pendant la période de rétablissement ne relève plus de la période aiguë.
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Situation d'exposition d'urgence
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Tableau 5: Résumé des dispositions applicables aux travailleurs en charge des travaux de la réhabilitation pendant la période de rétablissement
Dispositions complémentaires
Les dispositions complémentaires applicables durant cette période sont celles applicables en situation normale pour les personnes professionnellement exposées et décrites dans le RGPRI.
6.2.3 Moyens de protection individuels
Objectif
L'utilisation de moyens de protection vise essentiellement à limiter l'exposition radiologique des intervenants vis-à-vis de la contamination externe et interne. Certaines dispositions complémentaires peuvent également être envisagées pour limiter l'irradiation externe.
Domaine d'application
Pour toute intervention comportant un risque d'exposition radiologique supérieure à 1 mSv, le port de moyens de protection individuels (MPI) appropriés est conseillé ou requis selon la période en cours (aiguë, transition ou rétablissement).
Préparation préalable
Les missions de chaque discipline opérationnelle pendant une situation d'urgence doivent préalablement être évaluées avec une attention particulière pour les moyens de protection spécifiques nécessaires pour réaliser ces missions.
Des moyens de protection contre la contamination externe et interne (vêtements de protection, masques, comprimés d'iode stable, dosimètres actifs...), du matériel permettant l'intervention à distance (perches, robots...) et des écrans de protection (tabliers ou plaques de plomb...) doivent être disponibles pour les intervenants ou être rapidement mobilisables. L'état et le bon fonctionnement de ce matériel doit être régulièrement vérifié. Son utilisation correcte doit faire l'objet de formations et d'entrainements réguliers.
Ces moyens, tests et entraînements périodiques sont décrits dans les procédures et plans des disciplines opérationnelles pour les différentes missions et circonstances de l'intervention.
Préparation au moment de l'événement
Une vérification de la validité et du bon fonctionnement du matériel est indispensable. La mobilisation de moyens complémentaires doit être envisagée afin de garantir leur disponibilité en temps voulu.
Niveaux de référence
Durant la période aiguë, l'utilisation de moyens de protection individuels appropriés est conseillée pour toute intervention en situation d'urgence (dose efficace attendue comprise entre 1 et 20 mSv) et requise pour toute intervention associée à un risque de situation d'exposition d'urgence (dose efficace attendue supérieure à 20 mSv).
Durant la période de transition, l'utilisation de moyens de protection individuels appropriés est requise, sauf contre-indications ou circonstances particulières, pour toute intervention qui pourrait conduire à une dose efficace supérieure à 1 mSv.
Durant la période de rétablissement, l'utilisation de moyens de protection individuels appropriés est requise pour toute intervention (dose efficace attendue supérieure à 1 mSv/an).
Implémentation
Via leurs contacts avec la cellule de crise provinciale, le PC-Ops et - le cas échéant - les antennes sont informés de la situation radiologique générale afin de définir les consignes de protection pour les intervenants. En cas de nécessité, le PC-Ops et les antennes peuvent activer d'autres canaux d'information (exploitant, CELEVAL, CI2C...).
Les moyens de protection personnels (vêtements de protection, protections respiratoires, dosimètres actifs...) doivent être portés dans le respect des consignes d'utilisation durant toute la durée de l'intervention. Toute anomalie majeure constatée (déchirure, fuite, appareil hors service...) lors de l'intervention peut conditionner le retrait de l'intervenant. Elle devra être mentionnée dans le rapport d'intervention afin d'être prise en compte correctement lors de l'évaluation de la dose reçue.
Durée
Lorsqu'ils sont requis, les moyens de protection personnels doivent être portés durant toute la durée de l'intervention. Pour les interventions de longues durées (plusieurs semaines, mois ou années), notamment durant la période de transition ou la période de rétablissement, les dosimètres électroniques à alarmes seront progressivement et préférentiellement remplacés par des dosimètres personnels passifs.
Actions associées
Des dispositions de limitation de l'exposition externe (irradiation) peuvent également être mises en oeuvre. Il peut s'agir de moyen d'intervention à distance (télémanipulateurs, robots...), de blindage, de limitation du temps d'intervention par rotation du personnel, etc. Les consignes générales (ne pas manger, boire ou fumer...) applicables au travail dans un environnement radioactif restent d'application.
Levée ou adaptation
Au retour d'intervention, les dosimètres électroniques doivent être lus et les doses enregistrées par le Dir-Log et rapportées à l'AFCN. L'absence de contamination externe des intervenants doit être vérifiée avant de procéder au déséquipement et à une décontamination éventuelle.
6.2.4 Prise de comprimés d'iode stable (blocage de la glande thyroïde)
Objectif
Lorsque de l'iode radioactif est libéré dans l'atmosphère, son inhalation et son accumulation dans la glande thyroïde peuvent provoquer des expositions significatives. Pour les intervenants amenés à intervenir, durant la période aiguë, à l'intérieur de la zone où la population a été mise à l'abri ou évacuée, le port effectif des protections respiratoires (masque anti-poussière, masque à cartouche de charbon actif ou appareil respiratoire autonome) doit offrir une protection efficace contre l'inhalation d'iode radioactif. Sachant que les effets secondaires possibles sont, en général, bénins, la prise de comprimés d'iode stable pourrait également être recommandée, par mesure de prudence, avant l'intervention afin de compléter les moyens de protection respiratoire, de pallier leur absence ou leur défaillance. La prise de comprimés d'iode stable ne doit cependant pas être considérée “au lieu de”, mais en complément des moyens de protection individuels, en particulier des protections respiratoires.
Domaine d'application
Cette action de protection ne s'applique qu'aux intervenants amenés à intervenir à l'intérieur de la zone où la population a été mise à l'abri ou évacuée durant la période aiguë. Elle ne s'applique pas aux femmes enceintes ou allaitantes, ni aux personnes mineures qui, par définition, sont exclues des situations d'exposition d'urgence (voir § 6.2.2.1). Pour les adultes d'âge supérieur à 40 ans, la prise de comprimés d'iode stable doit être considérée avec prudence car l'exposition à cet âge représente une augmentation très limitée du risque de cancer de la thyroïde et le risque d'effets secondaires de la prise de comprimés d'iode augmente légèrement, de sorte que les inconvénients peuvent l'emporter sur les avantages escomptés dans ce groupe d'âge. Bien que la prise de comprimés d'iode stable ne soit pas a priori recommandée pour ce groupe d'âge, il est des situations dans lesquelles la prise de comprimés d'iode stable reste cependant indiquée, par exemple lorsque la dose attendue au niveau de la thyroïde est particulièrement élevée. Il est donc recommandé que les personnes potentiellement concernées discutent de l'éventuelle ingestion de comprimés d'iode avec leur médecin avant qu'une situation d'urgence ne se produise.
Préparation préalable
Chaque responsable d'un service d'intervention susceptible d'intervenir rapidement au sein des zones de planification veille à ce que des comprimés d'iode stable soient disponibles en nombre suffisant pour son personnel d'intervention. Les services d'intervention qui ne sont pas directement concernés mais interviendraient en renfort seront, si nécessaire, approvisionnés en comprimés d'iode stable à leur arrivée au PC-Ops (fourni par la discipline 4).
Préparation au moment de l'événement (pour autant que la situation le permette)
Au moins une fois par mois et au moment de l'événement, il convient de vérifier la présence, dans les véhicules d'intervention, des comprimés d'iode stable et d'eau pour prendre ces comprimés.
Niveaux de référence
Pour les intervenants (entre 18 et 40 ans), cette action de protection doit être envisagée dès le moment où la dose équivalente par inhalation à la thyroïde (calculée pour l'adulte) durant l'intervention (ou la série d'interventions réalisées durant la période aiguë) risque de dépasser 50 mSv.
Implémentation
Lors d'une situation d'urgence radiologique, lorsque les quantités d'iode radioactif libérées dans l'environnement le justifient et moyennant l'avis des autorités, d'un médecin agréé ou du conseiller en charge de la protection des intervenants auprès du Dir-PC-Ops, les intervenants qui doivent effectuer leur mission dans la zone où la population est mise à l'abri ou évacuée peuvent se voir recommander d'ingérer deux comprimés d'iode stable préalablement à leur intervention.
Durée
La quantité prescrite est efficace pendant 24 heures. En cas de rejets répétés ou prolongés dans le temps, une prise supplémentaire peut être envisagée et recommandée par les autorités, un médecin agréé ou le conseiller en charge de la protection des intervenants auprès du Dir-PC-Ops. Cette mesure peut concerner les intervenants amenés à effectuer des missions au-delà des premières 24 heures.
Actions associées
Le port de vêtements de protection, de masques, d'une dosimétrie... et les consignes générales applicables au travail dans un environnement radioactif restent d'application.
Levée ou adaptation
Cette action de protection ne demande ni levée ni adaptation. Le médecin du travail et/ou le médecin traitant prêtera une attention particulière aux intervenants ayant ingéré des comprimés d'iode stable.
6.2.5 Dosimétrie des intervenants
Objectif
La surveillance dosimétrique des intervenants a pour but d'évaluer leur 'exposition radiologique afin de vérifier le respect des niveaux de référence et de permettre un suivi radiologique et médical adéquat.
La dosimétrie active doit permettre de contrôler en temps réel le niveau d'exposition d'un individu ou d'un groupe d'individus sur base d'une estimation du débit de dose ambiant et/ou de la dose reçue depuis la mise en service du dosimètre, si possible, au début de l'intervention. Elle doit permettre d'avertir le(s) intervenant(s) d'un risque de dépassement des niveaux de référence (par exemple, au moyen d'une alarme sonore) de sorte qu'il(s) puisse(nt) réagir à temps et de façon adéquate.
La dosimétrie passive doit permettre de vérifier, a posteriori, le respect des niveaux de référence en période aiguë et de transition ou des limites d'exposition durant la période de rétablissement.
Domaine d'application
Selon la période en cours (aiguë, transition ou rétablissement) une dosimétrie est conseillée ou requise lors de toute intervention comportant un risque d'exposition radiologique supérieure à 1 mSv. En période aiguë, la dosimétrie active avec alarme est privilégiée. Durant la période de transition, la dosimétrie active pourra progressivement être remplacée par une dosimétrie passive. Une dosimétrie passive est strictement requise pendant la période de rétablissement pour tout intervenant considéré comme travailleur professionnellement exposé; toutefois des dosimètres électroniques peuvent être également utilisés en complément (en fonction des disponibilités et des circonstances).
Préparation préalable
Les dosimètres électroniques, y compris les dosimètres de réserve en stock dans les unités opérationnelles de la Protection civile, doivent être régulièrement calibrés en usine. Entre-temps, leur bon fonctionnement doit être régulièrement vérifié (état des batteries, zérotage de l'appareil...). Ces contrôles et leur fréquence, ainsi que les aspects pratiques liés à la distribution des appareils de réserve pendant la période aiguë, la lecture et l'enregistrement des doses, doivent être décrits dans les procédures et plans des disciplines opérationnelles et des organismes responsables de la gestion de ces équipements.
Des dosimètres passifs doivent être disponibles pour pouvoir être distribués aux intervenants qui ne sont pas préalablement considérés comme travailleurs professionnellement exposés. Des conventions et procédures doivent être établies afin d'assurer leur distribution durant les périodes de transition et de rétablissement.
Préparation au moment de l'événement
Une vérification de la validité et du bon fonctionnement des dosimètres électroniques est indispensable. Il est important de vérifier que l'appareil a été remis à zéro ou, dans le cas contraire, de noter la valeur de départ. La Protection civile veille à la distribution, en temps opportun, des dosimètres de réserve adéquats.
Les prises de décisions concernant l'engagement des intervenants doivent tenir compte des données dosimétriques antérieures et ce jusqu'à 12 mois avant la situation d'urgence. Dès lors, doivent bénéficier d'un accès au registre d'exposition national:
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- le Dir-Log, en ce qui concerne les doses des intervenants soumises à la surveillance dosimétrique, sur les 12 derniers mois;
- –
- le Dir-Med, en ce qui concerne les doses des intervenants soumises à la surveillance dosimétrique, sur les 12 derniers mois, afin d'être en mesure d'exercer sa mission de suivi de la dosimétrie des intervenants, quelle que soit la discipline à laquelle ils appartiennent.
Niveaux de référence
Les niveaux de référence applicables durant les différentes périodes sont définis au § 6.2.2.1 pour la période aiguë, au § 6.2.2.2 pour la période de transition et au § 6.2.2.3 pour la période de rétablissement.
Implémentation
La surveillance radiologique peut être réalisée au moyen de dosimètres individuels (portés par chaque personne), d'un dosimètre collectif (porté par un membre d'un groupe intervenant en un même lieu où le débit de dose est homogène) ou par un système de mesure du débit de dose (par exemple une station mobile de TELERAD) installé à l'endroit où les intervenants effectuent les tâches qui leur sont confiées. Si cette surveillance est réalisée au moyen d'un dosimètre actif avec alarme, elle permet d'avertir les intéressés du niveau de risque sur base de niveaux d'alarme et de pré-alarme préétablis. Si la surveillance est assurée par une station mobile de TELERAD, les intervenants pourront être informés via le PC-Ops de toute augmentation significative du débit de dose aux abords de la station et d'un risque de dépassement du niveau de référence. En cas d'utilisation par un groupe d'intervenants d'un appareil de mesure de débit de dose, un préposé aura pour tâche de contrôler régulièrement l'évolution de la dose et du débit de dose et d'en informer ses collègues.
Durant la période aiguë, l'utilisation des dosimètres électroniques (actifs) avec alarme est privilégiée pour toute intervention en situation d'urgence. Au-delà de la période aiguë, durant la période de transition, les dosimètres électroniques à alarmes sont progressivement remplacés par des dosimètres personnels passifs. Pour les intervenants qui en disposent, l'utilisation de leurs dosimètres électroniques peut venir en complément de la dosimétrie passive. Durant la période de rétablissement, l'utilisation de dosimètres passifs est strictement requise pour toute intervention dans les zones contaminées ou lorsque la dose efficace attendue est supérieure à 1 mSv/an. Toutefois, des dosimètres électroniques peuvent également être utilisés en complément (en fonction des disponibilités et des circonstances).
Les dosimètres électroniques doivent être lus en fin d'intervention. Les dosimètres passifs sont collectés en fin d'intervention ou tous les mois en vue de leur lecture par un service de dosimétrie agréé. Les doses lues sont enregistrées et transmises au registre d'exposition national.
Durée
Une surveillance dosimétrique doit être prévue pour toute intervention et durant toute la durée de chaque intervention. Pour les interventions de longues durées, après la période aiguë, les dosimètres électroniques à alarmes seront remplacés par des dosimètres personnels passifs.
Actions associées
Le port de vêtement de protection, de masques,. .. et les consignes générales applicables au travail dans un environnement radioactif restent d'application.
Levée ou adaptation
La surveillance dosimétrique des intervenants doit être maintenue tant que les niveaux d'exposition (en dose efficace) restent susceptibles de dépasser 1 mSv/an.
Au cours de la période de transition, les dosimètres électroniques à alarmes sont progressivement remplacés par des dosimètres personnels passifs. Pour les intervenants qui en disposent, l'utilisation de leurs dosimètres électroniques peut venir en complément de la dosimétrie passive.
6.2.6 Contrôle de contamination et décontamination des intervenants
Objectif
Après toute intervention dans une zone (potentiellement) contaminée, le contrôle de la contamination des intervenants est organisé au niveau d'un poste de contrôle dont la localisation est déterminée en fonction de circonstances. Cette action vise les objectifs suivants:
- –
- éviter une exposition prolongée et le risque de contamination interne par transfert cutané ou ingestion/inhalation inopinée;
- –
- évaluer et enregistrer les doses reçues par les intervenants en vue de leur suivi radiologique et les en informer;
- –
- gérer la rotation du personnel d'intervention.
Cette action permet également de limiter la dissémination de particules radioactives et le transfert de contamination à d'autres personnes ou dans des lieux en-dehors des territoires affectés.
Domaine d'application
Le contrôle de contamination des intervenants doit être réalisé après toute intervention dans une zone contaminée, quelle que soit la période en cours (aiguë, de transition ou de rétablissement). En cas de contrôle positif, les intervenants concernés font l'objet d'une décontamination par des moyens appropriés.
Préparation préalable
Les modalités concernant l'accueil, le contrôle de la contamination et la décontamination des intervenants doivent être décrites dans le plan provincial d'urgence et d'intervention et les plans d'urgence et d'intervention des disciplines opérationnelles sur le terrain. Ces modalités doivent comprendre au minimum:
- –
- le choix de localisations potentielles pour l'installation de postes de contrôle;
- –
- l'organisation de ces postes;
- –
- l'organisation du contrôle de contamination et la décontamination, si nécessaire, des personnes, des véhicules et des outils;
- –
- l'organisation de l'enregistrement et du rapportage des doses enregistrées.
Le bon fonctionnement des équipements nécessaires au contrôle et à la décontamination doit être régulièrement vérifié.
Préparation au moment de l'événement
La localisation du poste de contrôle est déterminée par le Dir-PC-Ops en fonction de la direction des vents et de l'importance des rejets réels ou attendus. Le matériel nécessaire à l'accueil des intervenants, au contrôle de la contamination (portiques de détection, appareils de mesure portables), à leur décontamination, à la mesure des dosimètres et à l'enregistrement doivent être déployés.
Niveaux de référence
Des niveaux de référence pour le triage des intervenants non contaminés et contaminés sont préalablement déterminés par l'AFCN en collaboration avec le SPF Santé publique et les intervenants chargés du contrôle de la contamination. Ces niveaux sont éventuellement revus en fonction des conditions particulières de la situation d'urgence.
Implémentation
Au retour de l'intervention, la contamination externe des intervenants doit être vérifiée avant de procéder au déséquipement et à une décontamination éventuelle. Les modalités pratiques relatives au contrôle et à la décontamination des intervenants sont décrites dans les procédures des disciplines opérationnelles (services d'incendie, Protection civile, Défense et organisations auxquelles appartiennent les intervenants).
La présence d'une contamination éventuelle et les niveaux mesurés sont consignés en vue de leur transmission à l'AFCN avec les autres données dosimétriques (via le PC-Ops).
Durée
Les postes de contrôle sont effectifs durant toute la période aiguë et la période de transition. Ils peuvent être maintenus opérationnels durant la période de rétablissement si les autorités le jugent nécessaire en fonction de la situation et des doses susceptibles d'être reçues par les intervenants.
Actions associées
Les consignes générales relatives au travail en zone “contrôlée” (ne pas boire, ne pas manger, ne pas fumer, limiter son temps de séjour à l'intervention demandée,. ..) sont d'application. Les intervenants bénéficient de moyens de protection et d'une dosimétrie appropriés à la situation et à leur intervention. Ils bénéficient d'un suivi médical approprié.
Levée ou adaptation
Ces contrôles et les postes de contrôle sont maintenus jusqu'à ce que l'accès aux zones concernées soit librement autorisé à la population.
6.2.7 Surveillance de la santé
Comme mentionné précédemment, le RGPRI spécifie que les personnes susceptibles d'intervenir dans l'organisation des secours en cas de situation d'urgence doivent être “considérées comme personnes professionnellement exposées”. Le RGPRI prévoit des dérogations qui dispensent notamment l'employeur d'un examen de santé préalable à l'entrée en service ou à l'exposition des intervenants et à une évaluation de santé périodique spécifique au risque associé à l'exposition aux radiations ionisantes avant toute intervention en situation d'urgence radiologique.
Dès lors qu'ils sont effectivement intervenus dans une situation d'urgence radiologique, les intervenants doivent être soumis à la “surveillance de la santé des travailleurs professionnellement exposés et des personnes assimilées” tel que défini par la réglementation sur la protection des travailleurs contre les risques résultant des rayonnements ionisants. Ces intervenants doivent donc, après intervention en situation d'urgence radiologique, être soumis, dès que possible, à un examen de santé qui a valeur d'évaluation de santé périodique et faire l'objet d'une surveillance de la santé régulière par un médecin du travail agréé pour les aspects radiologiques.
La fréquence de l'évaluation de santé périodique (annuelle ou semestrielle) est laissée à l'appréciation du médecin du travail agréé en fonction du risque du poste de travail et des doses reçues. Il n'y a cependant pas de durée minimale d'exposition au risque pour imposer l'exécution de la surveillance médicale.
Si du fait d'une (ou plusieurs) intervention(s) d'urgence, une des limites de dose annuelles pour le personnel professionnellement exposé visées à l'art. 20.1.3 du RGPRI (entre autres la limite de dose efficace de 20 mSv/12 mois consécutifs glissants) a été dépassée, les conditions d'exposition ultérieure doivent être soumises à l'approbation du médecin du travail agréé. Le cas échéant, les dispositions réglementaires relatives aux surveillances de santé exceptionnelles ou prolongées (par un médecin agréé) seront mises en application.
À la demande des médecins du travail agréés et aussi longtemps que ceux-ci l'estiment nécessaire pour la protection de la santé des intéressés, les travailleurs ayant cessé d'être professionnellement exposés à des rayonnements ionisants peuvent continuer à faire l'objet d'une surveillance de la santé prolongée. Cette surveillance comprend tous les examens requis par l'état de santé du travailleur intéressé ainsi que par les conditions dans lesquelles il a été exposé ou contaminé. Et même lorsque la personne concernée ne fait plus partie du personnel de l'entreprise dont le médecin du travail agréé a estimé opportun de le soumettre à cette surveillance de la santé prolongée, celle-ci doit être assurée par l'Agence fédérale des risques professionnels et aux frais de cet organisme. Dans ce cas, c'est un médecin désigné par cette agence qui exerce la surveillance de la santé précitée et décide de sa durée.
Les doses d'exposition cumulées des intervenants en situation d'urgence ainsi que les informations portant sur les circonstances de ces situations d'exposition et les éventuelles actions prises suite à celles-ci sont consignées dans le dossier de santé des travailleurs concernés établi par le médecin du travail agréé.